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PENSER L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE #3

L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE (IA) ET SES ENJEUX POUR LE SUJET ET LA FORMATION

(III) LANGAGE, PAROLE ET NUMÉRIQUE

Après avoir posé les bases épistémologiques de la naissance de l’IA et examiné
l’artificialisation de l’intelligence, il s’agit d’aborder l’autre versant que le cognitif, soit
le langage. La « machine à penser » (terme dont on a souligné l’ambiguïté) fonctionne aussi
au « langage » dit « numérique ». Comment situer cette dimension par rapport à la fonction
langagière humaine générique ?

La machine ou la voix sans cordes vocales

Le langage articulé est la fonction proprement humaine, descente du larynx dans
l’histoire de l’anatomie de l’espèce humaine, via la voix rendue possible par les cordes
vocales laryngées. On désigne ainsi l’usage des signes linguistiques, les mots, la parole étant
l’usage singulier que chacun fait de la capacité langagière. Cela suppose donc un sujet, un
« parlêtre », selon l’expression de Lacan. Qu’est-ce que cela devient dans la machine ? On a
vu que, faute de penser, elle délivre et déverse des informations, des messages cognitifs,
mais ne pense pas, puisqu’il y faut décidément un sujet. De même, et pour la même raison,
elle ne parle pas.

De la parole, on ne peut même pas dire qu’elle n’en est pas capable : elle
n’en a pas besoin et l’exclut, la déléguant au « locuteur machinique » anonyme. Il est donc
normal que la voix humaine se trouve synthétisée : voix sans cordes vocales ! Du coup, la
fonction d’adresse à l’autre est mise hors jeu, comme nous allons le voir.

« L’IA conversationnelle »

Pourtant, elle semble dialoguer : l’atteste le fascinant chatbot, « assistant virtuel »
toujours disponible – et pour cause, il n’a aucune fonction d’adresse singulière, il répond
donc instantanément et « du tac au tac » et a réponse à tout pour quiconque. Après
l’informatique de traitement brut des données, après sa version prédictive, surgit
l’intelligence dite artificielle : l’IA se fait « conversationnelle ». Un dialogue sans robot est par
contre la rencontre entre deux sujets parlants. L’« art de la conversation » était la base de la
Culture depuis le XVIᵉ siècle : avec le registre « conversationnel », il s’agit de tout autre
chose.

Cela, les usagers sociaux le savent, mais les robots feignent en quelque sorte de parler,
ne serait-ce que pour garder le contact avec leurs clients, ainsi quand on fait parler le
nommé Shakespeare, en délivrant les réponses aux questions par compilation des
données textuelles de son œuvre ! Comme si Shakespeare se réveillait pour répondre
aux lecteurs modernes de son œuvre. C’est certes fascinant de voir le grand écrivain sortir
de sa grand’ œuvre pour entamer la conversation avec le premier venu – gadget suprême en
quelque sorte – mais il s’agit justement d’un semblant de parole. Il n’y a plus d’auteur, mais
un serveur : en veux-tu, en voilà, des caractères typographiques, ce qui passe de l’œuvre
signée au logiciel vocalisé. Un perroquet à figure humaine, en quelque sorte. Du coup,
le livre devient virtuellement superflu…

On a vu que l’IA hérite, sans le savoir clairement, de la recherche d’un « langage
universel ». Mais, contrairement à l’idéal du savoir européen, elle l’identifie à un
langage numérisé, rendant possible la « mondialisation » (malgré la fragile
« clause d’exception » culturelle).

Le langage du symptôme : pied de nez au numérique

Nous voici donc, dans notre enquête, devant cette « cure de parole » qu’on appelle
« psychothérapie » — sachant que le but de cette rubrique est de recueillir l’apport de cet
examen de l’intelligence artificielle pour la formation en général. La fonction essentielle
de l’Université classique est la formation (Bildung) culturelle, celle de l’Université : c’est cette
fonction que l’IA remplace par un système informationnel, allant dans le sens d’une
idéologie de la communication. Or le langage est le pilier de la Culture. Ainsi s’éclaire cette
propension à remplacer cet être de parole qu’est l’enseignant par un serveur mécanisé,
desservant les élèves et les étudiants. Mais le psychothérapeute mise également, et de
façon existentielle, sur la parole articulée. « Des mots, des mots », certes, mais qui
permettent un travail du signifiant, définitoire notamment de la thérapie analytique.

C’est en « s’entendant dire » sur le divan, grâce à la « libre association » elle-même
aiguillonnée par le transfert et l’écoute de l’analyste, que le sujet atteint une « rectification
subjective » (Lacan) susceptible de le faire sortir de l’impasse névrotique. Impossible d’y
parvenir sans une « intersubjectivation » dont l’IA est par définition incapable, ou, pire,
qu’elle désactive complètement. Le modèle « informationnel » de la communication
s’avérant foncièrement étranger à ce modèle « intersubjectal » de deux êtres parlants. L’IA
vient tuer toute passion du signifiant, et par là même du désir, articulé au signifiant. Du coup,
ce cabrement du sujet contre la norme que constitue le symptôme se trouve ignoré et
neutralisé. Savoir bien communiquer, ce qui est acquis depuis Shannon, réduit le symptôme
à un circuit input/output (ce à quoi les « psychothérapies cognitives » avaient d’ailleurs
préparé).

Le silence : pause du signifiant versus bug

Si le langage est si essentiel en psychanalyse, il donne de la place du même coup au
silence. À y bien réfléchir, seul peut faire authentiquement silence un être parlant. La
« parole vraie », notamment, est telle qu’elle fait résonner le silence entre deux mots –
comme un poème ou à la fin d’un morceau de musique. Rien à voir avec le bug, qui est un
simple blocage fonctionnel : on sait que le mot est apparu dans le vocabulaire informatique
quand une mouche (signifiant de « bug »), pénétrant dans le réseau informatique
archaïque, interrompit brutalement et inopinément le fonctionnement des premiers
ordinateurs. Dans le silence humain, c’est l’étranglement du larynx et des cordes vocales qui,
sous l’effet d’affects, cesse de faire entendre les mots, ou plutôt fait entendre quelque chose
qui s’appelle « le rien ». C’est pourquoi certains silences sont, dans l’analyse et dans la vie,
des silences bruyants qu’il faut bien ouïr, tant ils sont « éloquents ». C’est dans l’analyse que
les silences les plus profonds se donnent à interpréter… séance tenante.

L’impossible fonction d’adresse

Cette dialectique entre parole et silence, essentielle au sujet de l’inconscient, est figée
dans le « silence de mort » du bug, qui fait résonner le vide. Plus aucun mouvement
sonore, imagé ou parlé n’est possible – ce qui crée une nouvelle forme d’angoisse, que l’on
peut baptiser « l’angoisse informatique ». En quelque sorte, la grande invention psychique
de l’IA ! Il suffit d’évoquer comment l’utilisateur d’un ordinateur est saisi d’angoisse en cas
de blocage. La panne révèle le fond de vide de la machine.

Pourtant, on l’a rappelé, elle converse même intensément, elle a même toujours le
dernier mot avec son interlocuteur humain. Mais cette interlocution ne peut pas en
être une, puisque, malgré les apparences, il n’y a pas de véritable fonction d’adresse
dans les conversations informatisées. On a pourtant bien l’impression que l’Autre
mécanisé vous répond, avec même un humour d’apparence programmé (cela fait
partie du logiciel), prend en compte nos questions, mais il ne s’agit que d’un retour, d’un
écho anonyme déguisé en parole.

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Marie-Lou, 21 ans

"J'ai choisi une université à taille humaine qui me permet de m'épanouir dans un cadre familial et amical."
5.0
2017-02-17T21:18:55+01:00
« J’ai choisi une université à taille humaine qui me permet de m’épanouir dans un cadre familial et amical. »

Sophie, 53 ans

"Un apprentissage unique qui nous pousse à avancer dans la connaissance de nous-mêmes."
5.0
2017-02-17T21:22:07+01:00
« Un apprentissage unique qui nous pousse à avancer dans la connaissance de nous-mêmes. »

Mounia, 45 ans

"Depuis que je suis à la SFU, je deviens actrice, et non plus spectatrice de ma vie."
5.0
2017-02-17T21:22:57+01:00
« Depuis que je suis à la SFU, je deviens actrice, et non plus spectatrice de ma vie. »

Anne, 46 ans

"Parce que je cherchais une formation appliquée, qui me prépare véritablement à recevoir des patients"
5.0
2017-02-17T21:26:20+01:00
« Parce que je cherchais une formation appliquée, qui me prépare véritablement à recevoir des patients »

Alexandre Arnette, 24 ans

"Un apprentissage intégratif de la Psychologie dans sa véritable dimension sociale."
5.0
2019-04-10T15:57:36+02:00
« Un apprentissage intégratif de la Psychologie dans sa véritable dimension sociale. »

Lola Jubert, 20 ans

"En tant que thérapeute en formation, il est très intéressant de pouvoir être au contact d’une patientèle dès la quatrième année. Il est vrai que l’appréhension d’avoir des patients après nos études est diminuée grâce à la clinique ambulatoire. Nous rencontrons nos premiers patients accompagnés de professionnels qui savent nous guider et nous épauler."
5.0
2019-04-10T16:04:33+02:00
« En tant que thérapeute en formation, il est très intéressant de pouvoir être au contact d’une patientèle dès la quatrième année. Il est vrai que l’appréhension d’avoir des patients après […]

Delphine Nebor, 38 ans

"Je suis étudiante à la SFU en 1ère année de Master. Ce que j’apprécie le plus dans cette école est l’interaction entre le corps professoral et les étudiants facilitée par un nombre limité d’étudiants par classe et l’enseignement des différentes approches psychothérapeutiques. Une expérience stimulante !"
5.0
2019-04-11T17:09:10+02:00
« Je suis étudiante à la SFU en 1ère année de Master. Ce que j’apprécie le plus dans cette école est l’interaction entre le corps professoral et les étudiants facilitée par […]
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