DÉVIANCE, PSYCHOPATHOLOGIE ET RELIGION
Le projet ici présentévise àla réalisation, dans une démarche interdisciplinaire, de travaux de recherches collectives associant l’Axe 2 du Pôle de recherches de la Sigmund Freud Université- SFU avec ceux de l’Institut Supérieur d’Etudes des religions et de la laïcité- ISERL de l’Université Lumière Lyon 2 en partenariat et avec le soutien du Labex COMOD-Constitution de la Modernité, Raison, politique, Religion.
Pour sa mise en place, il sera fait appel à des professionnels assurant l’exercice de leurs fonctions en tant que médecins, psychiatres, psychologues, psychothérapeutes, psychanalystes, juristes, historiens et anthropologues pour faire lien entre Déviance, Psychopathologie et religion.
Le terme « déviance » sera utilisé pour désigner le domaine de la vie sociale étudiée par Howard Becker (1985), notamment dans son ouvrage intitulé Outsiders devenu emblématique et toujours dans l’actualité des sciences humaines et sociales. Pour H. Becker le terme déviance désigne et qualifie en tant que « deviens » les comportements « qui transgressent des normes acceptées par tel groupe social ou par telle institution ».
Dans ce sens, les démarches mises en œuvre, les axes thématiques choisis, les sujets et les études de cas retenues ainsi que le maniement du terme « déviance, » orientent les choix méthodologiques qui seront mobilisés en fonction des corps de métiers respectifs et des champs disciplinaires concernés, il s’agira de se consacrer à des comportements déviants impliquant « les actes sanctionnés par la loi et le système juridico-policier », par exemple la consommation de stupéfiants, mais aussi les maladies mentales, l’alcoolisme, et de façon plus générale, les additions de différents types.
S’agissant, en ce qui concerne nos préoccupations et objets d’intérêt communs, de l’étude de différentes modalités de la « déviance », il y aura lieu de considérer que les définitions des forces de l’ordre et de la justice « ne sont que définitions socialement constituées parmi d’autres » et par conséquent expériences récoltées sur les différents terrains de recherches sur le sujet, les différents cadres sociaux et structures de soins (publics et privés), en ayant à l’esprit que toutes les définitions de situations de déviance méritent une égale et approfondie attention.
Partant du présupposé que les définitions du terme déviance, couramment établies par des forces de l’ordre et de la justice, « ne sont que définitions socialement constituées parmi d’autres », il s’agira de considérer, à partir d’expériences récoltées sur ce sujet dans nos respectifs terrains de recherches respectifs, dans différents cadres sociaux et dans différentes structures de soins (publics et privés), que l’étude de différentes modalités et situations de déviance mérite une attention égale et approfondie dans le cadre de la recherche proposée.
A ce titre, au cœur des propositions de ce projet réside une double intention. À savoir, l’ambition de :
- contribuer aux études et recherches portant sur la relation déviance/délinquance rapportée à la santé mentale, en se consacrant, par le biais du médical et des pratiques de soins, à des problématiques souvent ignorées des criminologues, des juristes et du politique.
- d’aller au-delà des simples observations et études de cas d’un univers socio-culturel restreint marqué par la migration, la précarité, la délinquance/criminalité souvent localisés dans des quartiers dits «sensibles»
Notre projet nous conduit à proposer d’œuvrer dans le sens de ne pas rester cantonné à un imaginaire dans lequel l’immigré et le descendant d’immigrés ont associés à la déviance et par conséquent à la criminalité. Ce qui implique une attention et action particulière de refus que la conjugaison de ces dernières s’expliquerait par l’origine, la culture, la religion (notamment l’Islam dans le cas français). Refus donc du présupposé que la déviance ne serait qu’un symptôme dont les éléments explicatifs ou la causalité se trouverait dans l’origine ethno-géographique de chacun.
En tenant en compte que les normes sociales définissent les situations et les modes de comportements qui leur sont associés et par lesquels certaines actions sont présentées comme étant acceptées (en tant que qui est « bien »), d’autres sont interdites (en tant que qui « mal »), il s’agira de les appréhender sans adopter une surreprésentation de l’immigration, notamment postcoloniale de la déviance et/ou de la délinquance.
De cette manière, dans ses présupposés de base, au centre du projet que nous présentons, réside la prise en compte du fait « que tous les groupes sociaux instituent des normes et s’efforcent de les faire respecter, [au moins] à certains moments et certaines circonstances » (Cf. Becker, p. 25), renvoyant ainsi à ce qui est de l’ordre de « la norme » et du « hors-norme ». Il sera ainsi question d’être attentifs aux risques des stigmatisations, de bien établir la pertinence et les critères de la sélectivité des études de cas et de garder l’esprit critique face à la confrontation aux amalgames souvent révélés sur le terrain.