Les attentats du 13 novembre sont un exemple d’attaque terroriste d’une population civile dans un espace clos. La narration d’un nombre important de blessés psychiques et physiques entendue le jour de l’attaque et pendant l’année qui a suivi m’a interrogée sur les cadres théoriques qui nous sont proposés décrivant les ajustements psychologiques et physiologiques post-traumatiques. L’interrogation concerne notamment leur pertinence en ce qui concerne les processus mis en œuvre par une population civile, majoritairement sans psychopathologie préalable. Dans quelle mesure la psychologie des foules, les modèles développés chez des sujets malades et celle des blessés militaires, éclaire ou au contraire aveugle le clinicien ?
Nous avons été particulièrement intrigués par l’extrême richesse des modalités d’ajustement affectives, cognitives, comportementales et imaginaires, mais aussi de leur évolutivité dans le temps. Comment les comprendre au sein des modèles existants ? Quel serait le cadre thérapeutique le plus adéquat à leur prise en charge ?
A partir de brefs extraits de propos libres – mais denses de sens et de vérité – de personnes blessées, nous tenterons de dessiner les contours d’un modèle de compréhension psychopathologique. Nous essaierons d’enrichir notre réflexion à la lumière de modèles existants dans d’autres champs psychopathologiques que le trauma. Nous essaierons aussi de fonder notre compréhension à l’aune des réflexions personnelles faites en réponse à l’étonnement et la nouveauté des propos que nous avons entendus et accompagnés.
Article de Phillippe Nuss