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Freud et le Crime (2/3)

Article de Marina Kousouri – Psychologue Clinicienne

 

Pourquoi Freud se tait-il ?

 

Si Freud se tait donc, ce n’est pas par oubli : pour lui nous sommes tous des criminels potentiels, il nous laisse même supposer que sa question même est complètement subversive : qu’est-ce qui fait que nous ne passons pas à l’acte ? Pour cela, Freud nous éloigne d’une interprétation psychologique du crime par les conséquences négatives de l’acte, en déplaçant notre question sur la « scène » de la métapsychologie, où l’introduction du meurtre du père élève la clinique analytique au rang de « drame psychologique » (S. Freud, 1915). Drame parce que la souffrance naît toujours sur la scène de l’action, semble nous dire Freud, toujours intérieure et attachée à une « faute » et chacun a son rôle à assumer : soit par l’acte comme dans la « pure tragédie » où il s’agit que la « souffrance devienne réalité », soit par « le renoncement », comme Hamlet qui subit le pire des combats, le combat « entre l’amour et le devoir » qui « constitue le point de départ de

situations conflictuelles variant presque à l’infini » (S. Freud, 1905, p. 126-127). Freud nous dévoile les deux destins de l’existence humaine, face au héros tragique, révolté et inquiétant : Hamlet, héros du drame moderne, torturé par son « renoncement », fascine le spectateur par sa « résistance ». Le renoncement est sans doute le vrai drame pour Freud même si n’est pas le plus « moral ». A travers ce constat « tragique » Freud nous oriente vers l’essentiel, vers une lecture signifiante du crime qui ne sera possible qu’avec la recherche des origines de cette nécessité irrépressible qui pousse notre « héros » à l’acte, quand le choix entre les deux « destins » est absolu, ce qui va nous permettre de réfléchir sur ce qui lie l’acte et le dire. En d’autres termes, Freud avec l’apport du parricide originaire élève la clinique analytique à une clinique de l’acte, et non seulement de la parole comme on a plutôt l’habitude de le penser. Réaliser une recherche sur le crime, c’est alors avant tout réaliser une recherche sur la culpabilité qui détermine l’acte pour pouvoir accéder à son déchiffrement comme une parole évitée. Du coup, la thèse de Freud sur la culpabilité qui précède l’acte devient d’une importance majeure et fonde autour d’elle ce qu’on peut appeler une approche psychanalytique freudienne du crime.

A travers sa grande découverte, la culpabilité, Freud suit le même chemin que le lecteur de romans noirs qui « s’attache principalement à la tension dramatique et aux enjeux psychologiques ou sociaux d’une aventure » (A. Vanoncini, 2002) et nous constatons qu’il se garde bien de brosser un portrait idéal du criminel, tout simplement parce qu’il existe des types variés de criminels, de crimes, de culpabilités et d’idéaux. A rebours du courant qui tend à subsumer la diversité empirique sous la généralité du concept, il se refuse à établir une entité abstraite du criminel. Il cherche au contraire, à repérer les « enjeux » dans leur complexité. « La psychologie est une arme à double tranchant », c’est la phrase prononcée, par dérision, dans la plaidoirie au cours du procès de Dimitri. Freud y décèle cependant un sens beaucoup plus profond. Ce qu’elle signifie, en réalité, c’est que ce n’est pas la psychologie qui mérite d’être moquée, mais bien la procédure d’enquête judiciaire. Par ce renversement, Freud entend montrer qu’il importe peu de connaître l’auteur effectif du crime. L’essentiel, c’est de déterminer « qui l’a voulu dans son cœur et qui l’a accueilli une fois accompli » (S. Freud, 1928). L’ambition de Freud n’est pas, comme le souligne P.-L. Assoun, « de faire figurer la psychanalyse dans un manuel de criminologie psychiatrique comme un chapitre parmi d’autres », mais d’introduire « dans la problématique dite criminologique la prise en compte d’aspects méconnus, qui ne peuvent être aperçus que depuis cette « autre scène » qu’est l’inconscient » (P.-L. Assoun, 1997, p. 590).

En suivant Freud dans sa démarche, nous constatons d’abord que :

 

– Freud se sert du crime pour fonder l’inconscient, voire tout l’édifice de la pensée psychanalytique.  Sa conception de l’être humain se construit autour du crime, l’homme est potentiellement criminel dès l’origine, l’instauration de la loi due au crime originaire avec l’idéalisation du père mort signe la promesse de ne pas répéter l’acte, ou encore la condition culturelle, « sécurité » structurale témoignant en quelque sorte de la vraie « nature » humaine cachée ou retenue.  Le criminel perd son « statut d’exception », il n’est plus en contraste avec la conception freudienne de l’homme ; pour lui nous sommes tous « criminels », torturés à jamais par la culpabilité inconsciente. En même temps nous constatons qu’il n’y a pas de théorie sur le crime en tant qu’acte dans sa réalité effective. Cela parce que d’abord la préoccupation première de Freud est de défendre et d’expliquer la spécificité de la psychanalyse elle-même afin de dissiper les nombreux malentendus théoriques dont elle a pu faire l’objet. Une théorie sur l’entité du criminel serait donc incompatible avec les principes métapsychologiques. Nous ne pouvons que nous demander si Freud s’intéresse réellement aux criminels en tant que tels. Voilà qui, de prime abord, semble douteux, dans la mesure où il déconseille à ses élèves de prendre

ceux-ci en charge. Ainsi Freud dans une lettre qu’il adresse à Weiss à propos d’un patient slovène à la conduite particulièrement amorale lui avoue-t-il ne rien connaître de ces individus : « Ce slovène est visiblement un vaurien qui n’est pas digne de vos efforts. Notre art analytique échoue devant de tels gens, notre perspicacité même n’est pas encore capable de sonder les relations dynamiques qui dominent chez eux. Je ne lui réponds pas directement, supposant que vous le congédierez » (S. Freud et E. Weiss, 1975). S’agit-il, là encore d’un malentendu ? Nous pensons que non, Freud n’a jamais abordé le crime dans sa réalité et il n’a jamais vu un criminel. Mais nous pouvons supposer qu’il est toutefois une catégorie qui retient son attention : celle des grands criminels. A l’instar des grands hommes ou des grands projets, ceux-là se distinguent du collectif et sont porteurs d’une dimension culturelle repérable. Freud lui-même a toujours voulu compter parmi eux. Son biographe Jones le note d’ailleurs : « Freud observa que ces hommes avaient chacun ‘‘une façon’’ caractéristique d’agir et mieux valait que lui aussi en adopte une. Il choisit de faire ressortir sa tendance naturelle à la droiture et à l’‘‘honnêteté’’ ; il s’en ferait un ‘‘genre’’ et chacun devait s’y accoutumer » (E. Jones, 2006, p. 157).

– Mais Freud nous offre en outre la problématique sur le crime avec sa théorie de la culture, ou, mieux encore, un champ de recherches sur les crimes. Telle est son ambition : creuser ce champ de recherches, nous offrir les outils épistémologiques pour nous permettre de construire à notre tour nos problématiques.

De cette manière nous sommes conduits à travers la question de la culpabilité à introduire le crime d’honneur dans la pensée psychanalytique par le prisme de l’idéal. Loin d’introduire de la « morale » dans le psychique, Freud nous oriente vers une généalogie de l’idéal qui débouche sur une généalogie de la culpabilité, directement liée à ce qu’il nomme « l’hypocrisie de la culture » ; elle exprime tout l’univers de la souffrance psychique, à savoir la douleur que l’on ressent et à laquelle est attachée une faute.

 

 

 

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Marie-Lou, 21 ans

"J'ai choisi une université à taille humaine qui me permet de m'épanouir dans un cadre familial et amical."
5.0
2017-02-17T21:18:55+01:00
« J’ai choisi une université à taille humaine qui me permet de m’épanouir dans un cadre familial et amical. »

Sophie, 53 ans

"Un apprentissage unique qui nous pousse à avancer dans la connaissance de nous-mêmes."
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2017-02-17T21:22:07+01:00
« Un apprentissage unique qui nous pousse à avancer dans la connaissance de nous-mêmes. »

Mounia, 45 ans

"Depuis que je suis à la SFU, je deviens actrice, et non plus spectatrice de ma vie."
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2017-02-17T21:22:57+01:00
« Depuis que je suis à la SFU, je deviens actrice, et non plus spectatrice de ma vie. »

Anne, 46 ans

"Parce que je cherchais une formation appliquée, qui me prépare véritablement à recevoir des patients"
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2017-02-17T21:26:20+01:00
« Parce que je cherchais une formation appliquée, qui me prépare véritablement à recevoir des patients »

Alexandre Arnette, 24 ans

"Un apprentissage intégratif de la Psychologie dans sa véritable dimension sociale."
5.0
2019-04-10T15:57:36+02:00
« Un apprentissage intégratif de la Psychologie dans sa véritable dimension sociale. »

Lola Jubert, 20 ans

"En tant que thérapeute en formation, il est très intéressant de pouvoir être au contact d’une patientèle dès la quatrième année. Il est vrai que l’appréhension d’avoir des patients après nos études est diminuée grâce à la clinique ambulatoire. Nous rencontrons nos premiers patients accompagnés de professionnels qui savent nous guider et nous épauler."
5.0
2019-04-10T16:04:33+02:00
« En tant que thérapeute en formation, il est très intéressant de pouvoir être au contact d’une patientèle dès la quatrième année. Il est vrai que l’appréhension d’avoir des patients après […]

Delphine Nebor, 38 ans

"Je suis étudiante à la SFU en 1ère année de Master. Ce que j’apprécie le plus dans cette école est l’interaction entre le corps professoral et les étudiants facilitée par un nombre limité d’étudiants par classe et l’enseignement des différentes approches psychothérapeutiques. Une expérience stimulante !"
5.0
2019-04-11T17:09:10+02:00
« Je suis étudiante à la SFU en 1ère année de Master. Ce que j’apprécie le plus dans cette école est l’interaction entre le corps professoral et les étudiants facilitée par […]
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